Opération « Trognes »

Vous avez sans doute déjà croisé ces arbres aux formes tortueuses que l’on appelle trognes, têtards, têteaux, tronches, rousses, émousses ou bien encore ragosses en fonction des régions. Il s’agit d’arbres régulièrement taillés à hauteur pour leur bois, leurs feuilles ou leurs fruits. L’art de la trogne remonte à la plus haute antiquité et a joué un rôle majeur dans l’économie paysanne des campagnes d’autrefois. « La trogne, c’est le baril de pétrole du paysan » comme se plait à le rappeler Dominique Mansion, auteur de nombreux ouvrages visant à faire revivre cette pratique ancestrale.

Vieille trogne de murier avant rajeunissement

De vieilles trognes de muriers et de féviers d’Amérique plantées jadis le long de la Départementale 123, dans le pré qui fait face aux locaux de l’association, ont été rajeunies cette semaine par une équipe de salariés polyvalents sous l’œil attentif de Boris AVICE, Encadrant Pédagogique en Situation de Production. La taille peut sembler sévère et elle l’est ! C’est cette taille répétée et pratiquée à intervalles réguliers (de 1 à 5 ans, voire plus) qui donne à l’arbre ces formes évocatrices et singulières.

Recépage et évacuation des rémanents de taille

Cette pratique de la trogne, peu à peu tombée dans l’oubli, est pourtant un modèle économique des plus vertueux puisque la source d’énergie (l’arbre) est quasiment gratuite et renouvelable à souhait. Fréquents dans les campagnes de la première moitié du XXème siècle, ces arbres font aujourd’hui partie de notre patrimoine culturel qu’il est important de protéger, de valoriser et de faire connaitre.

Depuis quelques années, l’art de la trogne a de nouveau le vent en poupe. Les « nouvelles » pratiques agronomiques réintègrent l’arbre au cœur des systèmes de culture. Les vieilles trognes reprennent du service et de nouvelles sont plantées pour les générations futures.

Tout porte à croire, en ces temps de renouveau, que la trogne a encore de beaux jours devant elle !

Étapes de formation d’une trogne à partir d’un baliveau

Extrait de « Trognes L’arbre paysan aux mille usages » de D. Mansion

Une trogne se façonne en général à partir d’un baliveau âgé de 10 à 15 ans que l’on étête à une certaine distance du sol (généralement entre 1 mètre et 10 mètres en fonction des usages). On supprime ensuite les rejets latéraux du printemps pour ne garder que les jets verticaux. Il s’agit ensuite de tailler régulièrement les bois à hauteur. Après plusieurs cycles de recepage, il se forme une juxtaposition de bourrelets cicatriciels qui donne aux trognes leurs formes caractéristiques.

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